Après avoir attendu son enfant si longtemps, on s’imagine que tout sera plus simple après son arrivée. Reste cependant le plus complexe à accomplir : s’apprivoiser et apprendre à vivre ensemble.
Même s’il n’est pas politiquement correct de parler d’une greffe qui ne prend pas, d’une adoption « ratée », c’est pourtant une triste réalité. En effet, les cas de deuxième abandon existent. Un nouvel acte juridique d’abandon est alors prononcé et l’enfant ne peut plus être adopté en adoption plénière. Mais comment en arrive-t-on là ? C’est ce que nous avons tenté d’expliquer ci-dessous, après écoute de l’interview de Pierre Levis Soussan, (psychanalyste et pédopsychiatre, auteur du livre « Destin de l’adoption » ) et lecture du magazine « Vie de famille ».
Quand la greffe ne prend pas chez la famille
Quand la greffe ne prend pas chez la famille
La famille se doit d’être le terreau le plus fertile pour que la greffe prenne. Mais toutes n’ont pas cette capacité d’adaptabilité et de souplesse que demande l’adoption. Il faut savoir faire face à l’inconnu que représente l’enfant, à son histoire passée et assumer les conséquences dans l’avenir d’une histoire dont ils ne sont pas responsables. L’amour ne suffit donc pas. L’adoption nécessite patience et organisation. Le processus qui doit se mettre en branle est un processus qui ne s’apprend pas. On parle de fertilité psychique de la famille lorsque celui-ci échoue. D’habitude, avec un enfant biologique, la famille s’accuse elle-même et prend la responsabilité du caractère ou des problèmes de l’enfant. Cependant, lorsque l‘enfant est adopté, les parents, au lieu de s’accuser eux même, peuvent se dire : « Nous n’y pouvons rien, nous ne sommes pas ses vrais parents ». Il y a alors exclusion de l’enfant et « désafiliation ».
Lorsque la greffe ne prend pas, les parents ne ressentent pas ce premier coup de foudre dont tout le monde parle à la première rencontre avec l’enfant. « Cet enfant qui est là, en chair et en os, correspond rarement à celui qu’on avait imaginé. », remarque la psychanalyste Fanny Cohen-Herlem. Les parents n’en parlent d’abord pas tout de suite. Et c’est bien là le problème. Leur réaction est tout à fait compréhensible, ils ressentent un sentiment de honte et de déception.
Mais certains continuent à ne pas tolérer l’enfant tel qu’il est, et celui-ci devient progressivement étranger. Un écart massif se creuse entre la réalité et ce dont ils ont rêvé, rêve qui n’a jamais pu évoluer. Cela peut parfois être source de maltraitance…
La question se pose de la même manière dans les familles biologiques, mais lorsqu’il y a adoption, les choses se démultiplient, tout est accentué.
Ne pas en faire une généralité
De là à en faire une généralité, il y a un grand pas… Avoir le blues à l’arrivée de l’enfant est une étape habituelle. Les parents pensaient exploser de joie mais c’est une vague de tristesse qui les envahit. « On a longtemps cru que le baby blues était réservé aux mères biologiques et dû à une chute des hormones après l’accouchement. Or, il est désormais acquis que les parents adoptifs peuvent, eux aussi, connaître ce phénomène. Après une attente si longue, des épisodes de stress et de découragement tout au long du parcours de l’adoption, on peut se sentir vidé, épuisé. Et cela d’autant plus que si le rythme de vie change, qu’il faut le réorganiser autour de son enfant, faire face à des tâches que l’on ignorait jusque-là. », détaille Janice Peyré, Présidente d’Honneur d’Enfance & Familles d’Adoption, elle-même mère adoptive.
Ne pas en faire une généralité
De là à en faire une généralité, il y a un grand pas… Avoir le blues à l’arrivée de l’enfant est une étape habituelle. Les parents pensaient exploser de joie mais c’est une vague de tristesse qui les envahit. « On a longtemps cru que le baby blues était réservé aux mères biologiques et dû à une chute des hormones après l’accouchement. Or, il est désormais acquis que les parents adoptifs peuvent, eux aussi, connaître ce phénomène. Après une attente si longue, des épisodes de stress et de découragement tout au long du parcours de l’adoption, on peut se sentir vidé, épuisé. Et cela d’autant plus que si le rythme de vie change, qu’il faut le réorganiser autour de son enfant, faire face à des tâches que l’on ignorait jusque-là. », détaille Janice Peyré, Présidente d’Honneur d’Enfance & Familles d’Adoption, elle-même mère adoptive.